Grève dans les Ehpad. « On devient maltraitant car on n’a pas le temps »

Publié le 30 janvier 2018

Le personnel soignant des Ehpad exprime son ras-le-bol ce mardi lors d’un appel national à la grève. Manque de temps, surcharge de travail, burn-out, mauvais accueil du résident… Aides-soignants et familles de résidents témoignent du malaise qui sévit dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Infirmiers, aides-soignants et familles de résidents en Ehpad dénoncent ce mardi 30 janvier les conditions de travail et d’accueil des personnes âgées dépendantes dans les établissements. Toilettes trop rapides, manque de temps consacré aux résidents, la parole se libère. Ouest-France a recueilli des témoignages édifiants.

Aide-soignante depuis six ans, Charlotte est en arrêt maladie. À 28 ans, le dos « cassé » après sept expériences dans des Ehpad différents dans les Pays de la Loire, la jeune femme a décidé de se reconvertir dans le secrétariat le mois dernier. « Je ne pouvais plus supporter ça ! »

« Une douche, au mieux, une fois par semaine »


« Le matin je commençais à 7 h. Je devais lever 14 ou 15 personnes avant 11 h. Ça veut dire que je ne pouvais pas passer plus d’un quart d’heure par résident, alors que ce sont des personnes très dépendantes ». La toilette est rapide et rudimentaire.

« Les résidents étaient lavés à la douche, au mieux, une fois par semaine, parfois au bout de quinze jours. Parfois on faisait des shampoings secs, à la bombe. On disait aux familles qu’on avait fait le shampoing, sauf que ce n’était pas un vrai shampoing. Tout n’était qu’apparence. On nettoyait le visage, parfois le haut du corps et on mettait beaucoup de parfum ».

La jeune femme le vit mal, ne se reconnaît plus et fait même un burn-out. « On est maltraitant. On devient maltraitant car on n’a pas le temps. Si vous avez de la famille qui passe régulièrement, ça va encore… Sinon ce sont des mouroirs ». Écœurée par un métier qu’elle avait pourtant choisi, la jeune femme ne veut plus entre parler d’Ehpad. « Jamais je ne mettrai mes parents ou mes beaux-parents là-bas », avoue-t-elle.

Lire la suite sur Ouest-France.fr